lundi, février 28, 2022

"Tribulations initiatiques en Amérique latine" de Vincent Fauveau (France)


Pour assouvir son désir de départ, l’auteur de « Tribulations initiatiques en Amérique latine » s’embarque comme « pilotin » (aspirant officier non diplômé) sur un navire de la marine marchande. Ce fut la fonction de l’un de mes oncles, lequel racontait que le pilotin était, à bord, chargé des piqûres, même s’il ne possédait aucune compétence infirmière ou médicale ! Notre héros, lui, est lesté d’une année d’études de médecine, ce qui lui ouvrira bien des portes, au cours de son périple. Il est du reste prêt à endosser avec talent – même si par hasard – des rôles variés : jeune révolutionnaire de mai 68, grand séducteur supposé, ecclésiastique…

En Équateur, au Pérou, en Bolivie, en Colombie, au Venezuela, il passe par nombre de lieux parfois fort dangereux, mais il passe aussi entre les gouttes (agressions, tentations du repos – y compris de celui du guerrier) et s’échappe toujours, sautant agilement de pays en pays.

vendredi, février 11, 2022

"Le Parfum d'Adam" de Jean-Christophe Rufin (France... mais on voyage !)

C’est un gros roman d’espionnage (750 p. en poche) par lequel j’ai été très vite captivée. Le thème en est l’écologie et le terrorisme qui en découle. C’est une enquête assez trépidante qui nous emmène en Pologne, dans le Colorado, sur la côte est des États-Unis, en France, en Afrique du Sud, au Cap-Vert, au Brésil, et j’en oublie certainement… Mais en tout cas, on voit du pays !

Le résumé de l’éditeur conclut ainsi sa présentation : « L'écologie en France est considérée comme une cause acquise et sympathique. Pourtant au niveau mondial, l'écologie radicale constitue selon le FBI la deuxième source de terrorisme. À travers ce grand roman d'enquête, Jean-Christophe Rufin dévoile les paradoxes de la pensée écologique et va jusqu'à l'extrême bout de sa logique. Il jette les bases d'une série destinée à explorer les nouvelles réalités contemporaines, au carrefour de la médecine et de la politique internationale. »

vendredi, février 04, 2022

"Lisez-moi !" de Magali Brieussel (le monde !)

Deux avis pour un seul livre... On est co'lectrices ou on ne l'est pas !

"« Lisez-moi ! », c’est un petit livre écrit par Magali Brieussel, la charmante libraire-traductrice-voyageuse-écrivaine de La Géosphère

C'est l'histoire d'un carnet acheté par un jeune homme dans une librairie de Kampala (en Ouganda), et qui va passer de main en main et faire ainsi le tour de la planète en compagnie de personnages hauts en couleurs... Chacun de ses propriétaires successifs écrit – ou n'écrit pas d'ailleurs ! – quelque chose dedans... jusqu'à ce qu’il atterrisse dans les mains d'une traductrice qui entreprendra de… Mystère !

L’écriture est bondissante et joyeuse, d’ailleurs on y croise Alice ! Pour proposer ce texte de fiction, Magali s’est servie de ses souvenirs : chaque lieu-protagoniste est un endroit qu’elle a visité lors d’un long voyage autour du monde fait avec son compagnon il y a une douzaine d'années. Et ces lieux ont tous un rapport avec le monde du livre : librairie, bibliothèque, imprimerie, et même île déserte !

dimanche, janvier 30, 2022

"Qui a peur des vieilles ?" de Marie Charrel (France)

 


Je vous parle aujourd’hui d’un livre qui avait attiré mon attention à sa parution…

et très surprise, j’ai gagné un exemplaire dédicacé à un concours sur l’Instagram de Catherine Berra (journaliste qui a créé la chaîne youtube Dame Mature) !

Qui a peur des vieilles ? a été écrit par Marie Charrel, journaliste et autrice de romans et de nouvelles.

Elle se donne ici pour mission de montrer que les femmes ne doivent pas avoir peur de vieillir mais continuer à cultiver le bonheur, quel que soit leur âge.

Et l’avant-propos donne le ton puisque Marie Charrel nous souhaite la :

« Bienvenue au pays des rides heureuses » !

Elle appuie son propos sur les travaux de chercheuses et de journalistes (Michelle Perrot, Simone de Beauvoir, Gail Collins, …) ainsi que sur un grand nombre de témoignages de personnes de plus de 50 ans connues ou non, avec qui elle a pu échanger de manière approfondie.

mardi, décembre 28, 2021

"Un mari d'Asie", de Hélène Honnorat (France)

 

Voilà un livre réjouissant et rafraichissant – une très bonne idée de cadeaux si vous ne savez pas quoi offrir pendant cette période de fêtes.

C’est un récit nous dit-on sur la couverture. Le récit d’un ailleurs que l’autrice a vécu sur le plan professionnel et qui est devenu aussi un ailleurs dans sa vie amoureuse.

Le livre s’ouvre au moment où le séduisant Upali, accompagné de sa future épouse, tente de braver tous les obstacles qui se dressent sur la route avant de convoler en de justes noces. Et des tracasseries il y en a ! La bureaucratie française se pique de dénoncer un mariage blanc – mais il n’en est rien, puisque de communauté de vie il en est bien question.

Les voyages, Hélène Honnorat, connaît son sujet. Mais pas en simple touriste comme nous le ferions, non, en véritable professionnelle expatriée. Jugez du peu : Malaisie, Sri Lanka, Antilles, Jakarta,  Costa Rica– une spécialiste, vous dis-je.

lundi, décembre 06, 2021

"Secrets", de Claudio Magris (Italie)

 

Dans ce petit opuscule paru aux Editions bibliothèque Rivages, le grand auteur italien Claudio Magris dévoile les différents aspects du "secret."

Politique, religieux, ou intime, le secret a de multiples ramifications.

Le pouvoir a besoin de secrets, rappelle l'auteur au début, même s'il est démocratique, et l'existence de "services secrets" en est l'un de ses bras armés.

On pense bien sûr au secret religieux, et au secret de la confession (dont il est question en ce moment de ses limites), et au secret spirituel qui plonge ses racines dans notre histoire humaine.

Mais la partie la plus intéressante est celle où Claudio Magris parle de l'intime, citant le « droit à l’opacité » cher à Edouard Glissant.

Au travers de l’écriture – un sujet qui devrait intéresser tous les Collecteurs – l’auteur cite longuement des auteurs, dont Javier Marias.

lundi, novembre 22, 2021

"Mistigris" de Philippe Vinard (France)


Philippe Vinard est un transfuge des étonnantes éditions Yovana qui ont publié trois de ses livres.

Avec Mistigris (aux éditions des Quatre Seigneurs), il nous plonge tout vifs dans sa propre parentèle. Quelle famille n'est pas déjantée, bancale, phobique, schizo, parano (ou particulièrement cachottière) ?! Celle-ci ne fait pas exception à la règle : un grand-père issu de la bourgeoisie protestante du Midi, prof en Khâgne, une mère qui, refusant d'être professeur, s'inscrit à Femme Sec (La Femme Secrétaire) ! Trois enfants qui, chaque automne, la regardent partir pour l'hôpital, conduite par le père, car au moment où les feuilles tombent, elle tombe elle aussi en dépression, jusqu'à ce qu'elle refile ce mistigri, cette mauvaise carte, à son mari.

Lui, donc, le père, qui en vertu de la règle des vases communicants, se trouve mal quand son épouse va mieux, et dont le corps devient « un hall de gare de maladies diverses » pendant trente ans… Sa cécité disparaît après son entrée en maison de retraite, mais à quoi bon revenir en arrière, il y reste.

lundi, novembre 15, 2021

"La Poésie du Portugal des origines au XXème siècle", Maryvonne Boudoy & al. (France)

 


La Poésie du Portugal éditée par Chandeigne offre à la poésie une bible de plus de 280 auteurs et quelques 1100 poèmes en version bilingue. C’est une somme qui donne à voir l’expression de toute une culture et civilisation avec ses constantes et ses variations et fait ressentir une saveur particulière inédite par son ampleur.

Que désirer de plus comme un livre univers pour un somptueux cadeau ?

A lire et à savourer par multiples gorgées, splendeur et vision tenace de toute une palette émotive et sonore qui enchante réellement.

Dans le mitan des langues le portugais s’offre une place de choix dans le domaine poétique et cette anthologie le démontre avec profusion.

François Szabó

La Poésie du Portugal des origines au XXème siècle, Maryvonne Boudoy et al., Édition de Max de Carvalho (Portugal), Chandeigne, 2021, 1892 pages

 

jeudi, octobre 21, 2021

"Les Bourgeois de Calais", de Michel Bernard (France)

 


Omer Dewavrin est le maire de la ville de Calais, et il a un projet : célébrer un épisode historique de la Guerre de Cent Ans dans la ville du Nord.

Nous sommes en 1347. La ville est assiégée par l’ennemi anglais, et malgré le courage des Calaisiens, les Anglais sont plus forts. C’est donc le sacrifice de ces six hommes, contraints de remettre les clefs de leur ville à leurs assaillants pour laisser la vie sauve à l’ensemble des habitants de la ville,  qui va marquer les esprits : Calais doit avoir sa statue pour commémorer cet épisode.

Mais Omer Dewavrin voit loin. Il lance un concours auprès de grands sculpteurs, et se rend à Paris pour rencontrer un sculpteur prometteur : Auguste Rodin. Nous sommes en 1884 et l’artiste a son atelier rue de l’Université au cœur de Paris. Rodin lui fait les honneurs de son atelier : il y a là une jeune femme nue, qui pose près du poêle. Il y a aussi « La Porte de l’Enfer » qui est en cours d’élaboration. Et encore la « République appelant aux armes », ou enfin « L’âge d’airain », qui marque profondément l’esprit du maire de Calais.

En repartant vers le Nord, il est décidé : ce sera Rodin le sculpteur des Bourgeois, et personne d’autre.

Toute l’originalité de l’auteur, Michel Bernard, c’est ce pas de côté : imaginer la relation d’amitié qui va lier le commanditaire et le sculpteur, à partir de la correspondance retrouvée entre les deux protagonistes, y compris celle de l’épouse du maire, Léonine Dewavrin, qui jouera un rôle prépondérant dans cette aventure, par sa ténacité à toute épreuve.

mardi, octobre 19, 2021

« Fille perdue » d’Adeline Yzac (France)


Adeline Yzac, dont le livre magnifique Nuech blanca a été publié en 2014 aux éditionsChèvre-feuille étoilée, nous offre dans le roman Fille perdue, l’histoire méconnue du traitement infligé aux filles qui découvrent leur corps en cette fin du XIXième siècle.

Anicette, 12 ans, enfant choyée dans un milieu traditionnel et religieux, tombe brutalement, sans rien y comprendre, dans la catégorie des filles perdues. Perdue pour la morale, pour la société, car elle a été surprise en train de se caresser. Anicette cherche le plaisir : elle ne fera donc ni une bonne épouse, ni une bonne mère. Sa famille va la perdre totalement, la briser, en la condamnant à grandir entre les murs de « l’institution » où des religieuses tentent de déraciner le vice du corps et des esprits des filles de rien : filles de prostituées, filles sans père, filles dont le corps n’est pas conforme à la féminité, filles lubriques.

dimanche, octobre 17, 2021

"La chair", de Rosa Montero (Espagne)

 


Soledad est une femme qui va fêter son soixantième anniversaire. Séduisante, elle a connu de nombreux amants, sans jamais ne marier ni avoir d’enfants. Son dernier amant vient de l’abandonner, la délaissant au moment ou sa femme vient de tomber enceinte. Soledad doit aller à l’Opéra voir et écouter Tristan et Iseult – un morceau qu’elle écoutait précisément avec son amant jusqu’à l’extase - et il n’est pas question d’y aller seule et de croiser son ex dans les couloirs non accompagnée.

Mais Soledad n’a personne de satisfaisant en vue pour cette soirée. Elle se tourne alors vers un site spécialisé et repère un Escort Boy qui fera l’affaire : Adam, 35 ans, magnifique –il fera sensation lorsqu’il s’assiéra à ses côtés, et l’ex-amant ressentira même peut-être une pointe de jalousie en le voyant à côté d’elle – c’est du moins ce que se dit Soledad dans son for intérieur.

Normalement Adam aurait dû rentrer dans Madrid une fois l’Opéra terminé. Mais un curieux incident devant un restaurant chinois que Soledad connaît bien en décidera autrement : en défendant le propriétaire du restaurant d’une agression à l’arme blanche, il va contraindre Soledad à l’inviter à se remettre les idées en place dans son prestigieux appartement madrilène, ce qui n’était pas du tout au programme …

Commence alors une relation tumultueuse entre Soledad et Adam. Désir ? Amours tarifées ? Relation amoureuse ? Difficile à déterminer, Soledad oscillant entre addiction à la chair du beau jeune homme et fascination pour son rôle de maîtresse femme achetant des vêtements magnifiques à son compagnon …

Rosa Montero excelle à dépeindre la femme de 60 ans, en lutte perpétuelle contre les méfaits du temps. « Le corps était une chose terrible, en effet. La vieillesse et la détérioration s’y tapissaient insidieusement et l’intéressé était souvent le dernier à l’apprendre.”

Il y a des pages hilarantes, notamment celle où elle décrit la valise d’une femme de son âge en déplacement : une liste infinie de produits pour combler les défauts inévitables qui apparaissent à la soixantaine.