Après Rachel, c'est Françoise qui nous parle du Dernier invité d'Anne ! Quand on aime, on ne compte pas chez les Co-lectores ;o)...
"C’est
sous l’aile de Julio Cortázar, de ses Cronopios et de leur page
blanche qui tue (et tout le sens du livre est là) qu’Anne Bourrel
place son dernier ouvrage, « Le dernier invité » paru au
printemps dernier.
Ce
livre est comme une fuite en avant dont on sait dès le début
qu’elle est inexorable et dont on sent, sans savoir vraiment
pourquoi, que la chute va être dramatique. Le style est nerveux,
précis, rageur à l’image de la rage qui habite la Petite depuis
si longtemps, une rage imprimée dans son corps. Et, comme pour
l’exorciser, elle court, la Petite, dans la garrigue qu’elle
connait si bien. Elle court alors que tout le monde l’attend au
village car aujourd’hui elle se marie. Il y aura beaucoup de monde
et même ce cousin qu’elle n’a pas vu depuis longtemps et que sa
mère a invité. C’est lui le dernier invité.
Difficile
de se déprendre de cette histoire, de cette progression implacable.
Le lecteur est comme happé, prisonnier de cette ambiance lourde,
poisseuse, qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère des romans
d’Erskrine Caldwell. Car le sud, celui que nous connaissons, est
bien présent. Il y a les odeurs, celle enivrante de la garrigue,
celle pestilentielle des champs de bergamotiers qui ont remplacé la
vigne, celle fraiche de la rivière. Il y a la musique entêtante des
cigales. Et il y a le village, improbable, avec son lotissement, son
camping, son maire FN et puis la famille, déclassée, les vieilles rancœurs, l’opulence disparue, la vie étriquée et les non dits.
C’est tout un monde que fait vivre Anne Bourrel à
travers des personnages attachants, pitoyables parfois mais humains,
tellement humains. Un roman abouti, fort et qui
interroge. Et une belle écriture !"
Françoise
Jarrousse
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