Je viens tout juste de terminer un petit bijou ! C’est tout bêtement le titre qui m’a interpellée : « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce : réflexions sur l’effondrement » C'est écrit par Corinne Morel Darleux, qui est une femme politique que je ne connaissais pas et, en lisant son livre, je comprends pourquoi : elle ne semble pas être du genre à se mettre en avant pour le seul plaisir d’occuper la place…
Elle développe dans ce texte – défini par l’éditeur, Libertalia, comme un essai philosophique et littéraire rédigé à la première personne – une notion libertaire, anarchiste, qui est le refus de parvenir, à laquelle elle associe l’idée plus écologiste de cesser de nuire.
« Tout le sens du progrès social devrait consister à donner à chacun non pas l'égalité des chances, cette fable inventée pour conforter la compétition entre individus, mais la possibilité du choix.
Celle-ci ne dépend pas uniquement des conditions matérielles, même si elles sont bien entendu structurantes, mais aussi des constructions culturelles, de la formation d’un esprit critique, des capacités de raisonnement autonome : en un mot de l’éducation au sens large du terme. Il faut au moins ça pour résister aux normes sociales qui entravent la capacité à se conduire en esprit libre. Que vous soyez pauvre ou riche, tout est fait pour vous assigner une tâche de reproduction ou d’ascension sociale. Dans les deux cas, vous n’avez pas à construire vos propres critères de réussite : les conventions sociales les fournissent clé en main, assorti d’un petit manuel de développement personnel. En terme d’organisation sociale, il est plus sûr pour le pouvoir en place de fournir les rails que de laisser chacun glisser à sa guise, réfléchir à ce qu’il veut faire de sa vie et risquer ainsi de prendre des chemins de traverse. Imaginez que les pauvres choisissent de le rester, les travailleurs de ne plus perdre leur vie à la gagner, les consommateurs d’arrêter d’acheter !