lundi, mars 06, 2017

"Liquidations à la grecque" de Petros Markaris (Grèce)

Les Collecteurs préparent leur Comédie ! Voici une nouvelle chronique de Françoise… Au delà de celle-ci, n’hésitez pas à aller lire tous nos derniers articles, tous se rapportent à des livres et des auteurs que vous aurez l’occasion de croiser en mai !
« Petros Markaris, né en 1937 et qui sera présent à la prochaine Comédie du Livre est auteur de romans policiers qui sont en Grèce des best sellers. Economiste de formation il a aussi écrit pour le théâtre, le cinéma et est le traducteur en grec de Goethe et de Brecht.

Dans « Liquidations à la grecque » paru en 2010 nous retrouvons son personnage fétiche, le commissaire Charitos, confronté à la décapitation en série de personnalités liées à la banque et à la finance. Une affaire complexe qui a des connexions étranges avec le dopage organisé des athlètes de haut niveau. Le tout sur fond de crise économique. Cette crise, elle a eu de graves répercutions sur tous les secteurs de la société et on sent cette ambiance délétère dans une capitale aux embouteillages monstres, aux incessantes manifestations et où règne la débrouille. Même la famille du commissaire est impactée, l’âge de la retraite est retardé, les avantages supprimés, sa femme, en bonne maîtresse de maison, fait son marché chaque jour pour bénéficier des promotions éventuelles, sa fille, juriste a du mal à trouver du travail et son gendre, médecin hospitalier a un salaire dérisoire. La Grèce vit des temps difficile et un assassin étonnant, sorte de Robin des bois (il est nommé dans le livre « Robin des banques ») va agir en justicier comme s’il voulait venger la Grèce toute entière :
« La Grèce tout entière marche à l’emprunt….les prêts sont le moteur qui fait tourner la machine. Les banques tiennent en otage plus de la moitié des Grecs ». (p 252)
« L’assassin a tué d’abord un gouverneur de banque à la retraite puis le directeur en activité d’une banque étrangère, lié naguère aux hedge funds, puis un dirigeant d’une agence de notation, puis le patron d’une société de recouvrement ». (p 271)
Au cours du récit, en même temps que l’enquête progresse, Petros Markaris, en bon économiste nous explique certains mécanismes du capitalisme financier qu’il compare même au dopage :
« Mais que font les banques si ce n’est du dopage, alors, c’est quoi ? Les cartes de crédit qu’elles t’envoyaient par la poste, sans qu’on les demande, les prêts au logement, les prêts à la consommation, les prêts vacances ou mariage qu’elles distribuaient à tous, les hedge funds, les paris sur la faillite d’un pays étranger qui ne leur avait rien fait de mal, tout cela, ce n’est pas du dopage ? » (p 346)
Tout est intéressant dans ce livre, l’enquête bien menée, l’ambiance de la ville bien présente, l’analyse économique, mais il m’a manqué la profondeur humaine que je trouve chez Vázquez Montalbán ou chez Aro Sainz de la Maza. »

Françoise Jarrousse

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