Clin d’œil à notre Présidente préférée !
J'ai
lu LE MYTHE NATIONAL MEXICAIN À TRAVERS LES MANUELS SCOLAIRES
D'HISTOIRE, issu de la thèse de Rachel Mihault, dès sa publication.
Lorsque, dans une vie antérieure, je parcourais, sac au dos, le
pays, je m'étais passionnée pour sa culture et ses traditions. Cet
essai possède un intérêt intrinsèque, car il nous plonge ou nous
replonge dans la chronique flamboyante d'une nation dont les
habitants sont nés du maïs (cosmogonie maya du Popol Vuh), nation à
géométrie variable (les affrontements avec les États-Unis, en
1846-48, ont entraîné la perte de presque la moitié du territoire
mexicain), nation métisse qui se revendique comme telle (au moins
dans ses manuels scolaires) et qui fraie régulièrement avec la
mort, entre conquête espagnole, guerres, massacres, violence
quotidienne et catastrophes naturelles (10 000 victimes lors du
séisme de 1985), ce qui ne parvient pas à l'abattre.
Il
s'avère également d'un intérêt remarquable dans son analyse des
pratiques pédagogiques, lesquelles suscitent implicitement des
comparaisons avec les nôtres. Les rédacteurs, par la place
importante qu'ils donnent à l'enchaînement des périodes, à la
frise historique omniprésente en bas de page, y compris dans les
ouvrages de la dernière génération, celle de 2014, semblent
adresser un clin d’œil à certains enseignants français qui se
lamentent – probablement à juste titre – quant à leurs
programmes : « toujours moins de chronologie, moins de grandes
dates, moins de grands personnages ! » Ici, au contraire, les
figures fondatrices sont largement évoquées (texte, iconographie)
ainsi que leur ethnie d'origine : comme le fait remarquer l'auteure,
le mot « race » n'est pas tabou au Mexique, on explique donc aux
enfants que du mélange des trois races principales (la blanche,
l'indienne et la noire) sont issus les métis et les mulâtres, que
les Blancs se répartissaient entre Espagnols « péninsulaires » et
créoles, etc. Certains héros sont quelque peu démythifiés (Miguel
Hidalgo y Costilla), d'autres plus ou moins réhabilités (Iturbide,
le dictateur Porfirio Dίaz), au fil des quatre générations de
manuels analysées. Une pratique à noter : les enfants, en primaire,
se voient attribuer des livres d'enseignement gratuits… qu'ils
peuvent conserver à la fin de l'année, et qui les accompagneront
toute leur vie s'ils le souhaitent ! J'ai toujours trouvé fort
dommage le fait que les élèves soient contraints de rendre les
manuels qui leur étaient fournis, effaçant ainsi le compagnonnage
d'une année scolaire, et sa trace.
L'auteure
s'est sagement gardée d'évoquer la citation (faussement) attribué
à Porfirio Dίaz : "וֹ
Pobre de México, tan
lejos de dios y tan cerca de Estados Unidos !" («Pauvre
Mexique, si loin de Dieu et si près des États-Unis ! ») : comme
elle le fait remarquer, les manuels analysés ont été rédigés
avant l'élection de Donald Trump à la présidence du pays voisin !
J'ai
du mal à « noter » ce captivant essai, car il comporte de nombreux
passages en espagnol, non traduits en général : il me reste assez
de bribes de cette langue pour les comprendre, ce qui m'empêche de
me mettre dans la peau du lecteur pour qui ce ne serait pas le cas.
Cependant, même ce dernier devrait pouvoir en tirer bénéfice.
Hélène
Honnorat
"Le mythe national mexicain à travers les manuels scolaires d'histoire" de Rachel Mihault. Editions l'Harmattan, septembre 2018. 254p.
https://www.youtube.com/watch?v=C1A8dVcBSDg&t=89s
https://www.youtube.com/watch?v=C1A8dVcBSDg&t=89s
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