dimanche, mai 17, 2020

"Tout ce que tu sais de moi", de Miriana Bobitch (Serbie)


Elles sont quatre.
 Quatre femmes, quatre comédiennes et elles ont toutes un lien particulier avec un homme, un réalisateur de film, le beau Boris Pavlovic.

Il y a Nadja. Nadja Steiner, une actrice qui a joué dans une série il y a quelques temps, à Dubrovnik. Et a vécu « la chose la plus terrible et merveilleuse » qui lui soit arrivée, avec ce fameux Boris. Et qui est devenue ainsi écrivain, sous le pseudonyme de « Elizabeth Hope ».

Il y a Ana. Ana vit aux États-Unis, travaille comme serveuse chez « Murphy », a fui Belgrade où elle était comédienne, Ana Belic. Maintenant elle est devenue Ann Belly à Los Angeles. Officiellement mariée à un croate, journaliste de rock à Zagreb, pour obtenir le droit de rester aux USA. A partir d’une mésaventure qu’elle a vécu avec un vrai serbe déguisé en lover portugais, est née l’idée d’un scénario avec Serge, un copain émigré comme elle, son meilleur ami, qui lui a expliqué la règle du jeu à Los Angeles : 
« La seule chose que j’avais apprise, c’est qu’ici il n’y a pas de discussions, pas d’explications, pas de morale, ni de grandes théories. Personne n’a de temps pour ça. »

Mais Ana vient de recevoir un message.

« Chère Ana, j’ignore ce que tu fais maintenant, et ce qui se passe dans ta vie… Ce serait vital pour moi que tu acceptes ma proposition et viennes me rejoindre. A toi, Boris. »

Et ce message est accompagné d’un autre qui indique que « la maison de production « le clap d’ouverture » l’invite à un essai de tournage de la fiction documentaire « Tout était musique » sous la direction de Boris Pavlovic. Sa chance serait-elle en train enfin de pointer le bout de son nez ?

Il y a Jelena. Et elle l’indique dès le début : « Boris, je t’aime encore ! ».

On comprend assez vite que Jelena a rencontré Boris il y a quelques années – un coup de foudre réciproque – mais que Boris avait déjà quelqu’un dans sa vie, « une actrice plus âgée, plus expérimentée » de dix ans plus âgée qu’elle.
Devant cette impossibilité qu’avait Boris de quitter sa femme, c’est elle qui a décidé de le quitter, en prétextant être amoureuse d’un autre. « J’étais l’une de ces nombreuses femmes qui faisaient irruption dans sa vie ; je suis la seule à en être partie. »

Depuis Jelena s’est mariée et a un fils de 9 ans. Son fils et son mari la regardent comme une déesse. Son mari Jovan est très riche. Jelena joue au théâtre à Belgrade et, à 45 ans, elle est très appréciée. Mais aujourd’hui elle a reçu un appel de Boris, qui voudrait qu’elle tourne pour lui …

Enfin il y a Una. Un producteur de cinéma l’a appelée, elle est invitée à des essais de tournage pour une fiction documentaire, dont le réalisateur sera Boris Pavlovic. Elle a vaguement entendu parler de lui. Elle se demande bien où il a pu la voir jouer, si ce n’est dans une publicité pour des serviettes hygiéniques à ailettes. Elle a bien aussi joué dans une série, les filles de la banlieue, mais personne n’a vu cette série.

Mais aujourd’hui elle a rencontré un  homme d’affaires, marié à une comédienne célèbre.

« Lui ? Oui, il m’excite. C’est un bel homme. Mais elle m’excite, elle aussi. Sa femme, cette actrice célèbre. Cette excellente actrice. Jelena, une femme mûre. Qui déclare dans les journaux qu’elle est heureuse en ménage. Qui se fait photographier au milieu de ses meubles hors de prix, qui se comporte comme une princesse. Qui l’a, lui. Qui pense être l’unique femme de sa vie. »

Toutes les quatre sont donc en route pour le tournage avec Boris à Belgrade. 

Est-ce un piège, comme Serge le suggère à Ana ?
Jelena elle, prend son bain. Mais elle pleure aussi. Parce qu’elle pressent que son mari a une maîtresse. Mais demain elle jouera la comédie. Elle reverra son ancien amoureux et trompera son mari, « avec joie, sans remords ».

Una a beaucoup hésité. Elle sort du yacht de Jovan et pense à sa mère, Sofia Bozovic, ballerine au Théâtre national, qui n’a jamais voulu lui dire qui était son père.
Mais finalement elle prend la route, et va retrouver ses trois consœurs, pour un mystérieux tournage sur le thème « tout n’était que musique ». Étrange …

« Tout ce que tu sais de moi » raconte l’amour et le mensonge. Peut-on vraiment aimer un autre quand on est une comédienne, centrée sur son personnage ? Une actrice peut-elle être sincère ? Une relation durable peut-elle exister avec quelqu’un qui cherche toujours les applaudissements du public ?
Autant de questions, autant de scènes très bien dessinées par cette écrivaine serbe qui est aussi journaliste, peintre, autrice de romans – Journal d’une jeune ménagère, un best seller,  de nouvelles et de pièces de théâtre.
Un hymne à l’amour et au théâtre qui nous en dit beaucoup sur les femmes et sur les hommes qui les aiment.
Florence Balestas
Tout ce que tu sais de moi de Miriana BOBITCH, éditions l'Age d'Homme, 2006

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