Savoir que Francis Navarre, sillonnant la Doulce France à moto, pratique un « régime un peu bas pour ne pas surcharger vilebrequin et embiellage » me laisse, je l’avoue, faute de compétences dans ce domaine, indifférente. Mais un auteur qui déclare n’avoir pas besoin de se pousser trop pour s’émerveiller… qui aime Georges Perec, Primo Levi et qui a lu huit fois « Le vide et le plein » de Nicolas Bouvier, mérite d’être accompagné dans ses pérégrinations ! J’ai donc enjambé les quelques éléments techniques du début pour le suivre avec délice dans les vignes de Champagne, sur le plateau de Millevaches ou à la Ferté-Vidame, village natal de Saint-Simon. Car le narrateur du bouillonnant « De l’Hexagone considéré comme un exotisme » est lui aussi accompagné, par des ombres tutélaires penchées sur son épaule (ou sur son guidon ?) : outre les traces du duc mémorialiste, il évoque celles d’autres compagnons, avec l’ânesse de Stevenson, parcourant les Cévennes, l’épervier de Maheux, village introuvable... C’est plein d’originalité, d’humour, de personnalité.