Deux familles, deux époques, un même lieu : Vineland
dans le New Jersey.
Dans la première histoire, nous sommes aux prémisses de
l’arrivée de Trump au pouvoir. Obama est là, et il a mis en place l’Obamacare.
Mais les primaires du côté républicain laissent présager de la suite.
Willa, la véritable héroïne de cette histoire, est une femme
de classe moyenne, qui voit les difficultés financières s’amonceler.
Elle est dotée d’un mari – Iano, un très bel homme d’origine
grec – d’un beau-père, malade, mais qui n’a pas sa langue dans sa poche, et de
deux enfants aussi dissemblables que possible : Zeke, le garçon, l’aîné,
emprunte beaucoup d’argent pour suivre des études prestigieuses. Il vise le secteur
des finances, où il pourrait créer sa Start up afin de reconvertir l’argent de
puissants investisseurs vers des microcrédits pour des créateurs d’entreprise
en panne de budget, un peu partout sur la planète. Rien à voir avec Tig la
rebelle, sorte de « Greta Thunberg » avant l’heure, qui a une vision
très précise de la catastrophe climatique à venir, et qui a adapté son mode de
vie en conséquence.
Dans l’autre moitié du roman, on suit les aventures de
Thatcher Greenwood, un professeur de
sciences dans la ville de Vineland en 1871. Farouche partisan de Darwin et de
la théorie de l’évolution. Malheureusement pour lui, dans cette ville de
Vineland, totalement acquise à son bienfaiteur, le fameux Landis, il subit les
foudres du Directeur du collège où il enseigne, complètement rétif à toute idée
d'évolution, contre laquelle il oppose la bible et ses récits.
A 150 ans d’écart, Thatcher et Willa habitent la même ville.
Et peut-être même la même maison. C’est du moins ce que va découvrir Willa en
faisant des recherches, avec un espoir très mince de trouver une qualité
historique à son habitation, ce qui pourrait peut-être l’aider à payer des
travaux faramineux nécessaires pour rendre la maison habitable.
L’histoire démarre sur les chapeaux de roue : on y voit
Willa, devenue depuis peu grand-mère puisque Zeke vient d’avoir un bébé, se
préparer à aller voir son petit-fils du côté de Boston, avec pour trophée un
berceau qui a vu naître toute la famille. Mais Willa reçoit un coup de fil
stupéfiant de Zeke, avant de se mettre en route. Il lui a apprend qu’un drame
vient de se jouer : Hélène, sa compagne et mère de l’enfant, vient de se
suicider.
Après un début aussi tonitruant, on aurait pu imaginer que le
roman de 570 pages allait poursuivre sur ce rythme. Honnêtement il n’en est
rien, et il faut avouer que dans le premier tiers l’écrivaine Barbara
Kingsolver est à la peine, pour nous décrire d’une part les turpitudes de
Willa, ancienne journaliste aujourd’hui au chômage, récupérant un bébé et un
beau-père épuisant – il est un fervent supporter républicain, contrairement à
l’ensemble de la famille – et se débattant dans des soucis financiers de plus
en plus nombreux.