Pour
son premier roman publié aux éditions Verdier, Anne Pauly s’est inspirée de sa
propre histoire et raconte la maladie et le décès de son père, « le
colosse unijambiste et alcoolique ».
« Avant
que « j’oublie »… Ou quand l’écriture aide à mettre à distance les
sentiments mêlés que l’on peut ressentir lorsque l’on doit faire face à la mort
d’un proche à la personnalité contrastée.
« Tu
t’énerves ? Je vois bien que tu t’énerves. T’es bien comme ta mère…
agressive, impatiente… En serrant les dents j’ai dit : Non, pas du tout,
je m’énerve pas du tout, mais là je dois y aller, mon bus passe dans dix
minutes et si je le rate, je serai bonne pour descendre à la gare à pied. Il
s’est radouci. Bon, d’accord. Sois bien prudente en rentrant, hein ? Mais
avant de partir, ouvre un peu la fenêtre, s’il te plaît, j’ai trop chaud. Un
peu, un peu plus, un peu moins, non, encore… parfait ! Allez, salut papa,
à demain. Je l’ai embrassé sans le regarder. Le temps de compter jusqu’à dix,
j’avais enfilé mon manteau, pris mon sac et quitté la chambre en claquant la
porte. Il allait mourir et, comme toujours, je n’avais qu’une envie :
partir. Partir le plus vite possible avant que sa névrose et ses angoisses ne
me contaminent davantage. »
Avant
que j’oublie… ou quand la
lecture peut nous aider à surmonter la douleur causée par la perte d’un être
cher.