jeudi, mars 30, 2017

"Jésus et Tito" de Velibor Čolić (Bosnie / France)

Jésus et Tito, est en sous-titre un «roman inventaire», passionnant témoin de la Yougoslavie Titiste vue depuis l’enfance de l’auteur (né en 1964). Ce roman nous fait partager avec la verve et l’humour d’un Perec ou d’un Hašek ces moments de vie avec beaucoup de saveur d’autant plus captivante que le découpage maintient le rythme et soutient l’envie de poursuivre sa lecture à travers ce livre qui avec une bonne dose d’ironie et de dérision nous plonge avec délice dans son univers.
Ce livre désormais en poche, publié en France précédemment en 2010, Velibor Čolić l’a écrit en français, c’est une très belle réussite où l’ambitieuse création instruit avec humour.
A lire absolument si vous n’avez pas de temps à perdre !
François Szabó


samedi, mars 25, 2017

"Ce que je disais aux morts", de Wladyslaw Szlengel (Pologne)

Ces poèmes du ghetto de Varsovie composés en 1942-1943 sont saisissants et sont parvenus jusqu’à nous par le miracle de personnes héroïques. Nous voyons bien ici que dans les pires situations, les créations artistiques et leur partage sont les seules issues et seuls éléments pouvant et devant être transmis afin, on l’espère, que l’Histoire ne bégaie pas.

Il y a à la fois le vertige de la lucidité et la capacité de dire avec une efficace et douloureuse économie de moyens la béance de chaque vie disparue.

mardi, mars 21, 2017

"Contre-jour", de Sara Rosenberg (Argentine)

Une silhouette à contre-jour sur la couverture d’un livre. C’est un cerf. Pourquoi est-il là ?
C’est en premier lieu ce qui attire, le graphisme, et puis la qualité du papier si agréable au toucher, le choix de la mise en page et des caractères et le désir d’en savoir plus. C’est toujours ce qui se passe avec les Editions de la Contre Allée et c’est ce qui s’est passé avec ce roman de Sara Rosenberg qui vient de paraître. 
Ce livre, c’est « Contre-Jour » et ce cerf, c’est celui qui hante les nuits de Griselda Koltan comédienne argentine exilée à Madrid depuis de nombreuses années avec son compagnon metteur en scène engagé, Jerónimo Larrea.

vendredi, mars 17, 2017

"Les ténèbres diurnes", de Sergueï Stratanovski (Russie)

Les éditions Circé nous font découvrir avec cette édition bilingue un poète bien trop méconnu mais qui se révèle un témoin de l’agonie de l’Union Soviétique et de la permanence tragique de la Russie post soviétique. Cet immense empire n’est pas homogène loin de là et les tensions idéologiques ou cultuelles existent depuis toujours et se poursuivent dans une cavalcade effrénée.
Mais c’est bien l’humanité dans sa chair souffrante qui est sujet et non l’Histoire,

lundi, mars 06, 2017

"Liquidations à la grecque" de Petros Markaris (Grèce)

Les Collecteurs préparent leur Comédie ! Voici une nouvelle chronique de Françoise… Au delà de celle-ci, n’hésitez pas à aller lire tous nos derniers articles, tous se rapportent à des livres et des auteurs que vous aurez l’occasion de croiser en mai !
« Petros Markaris, né en 1937 et qui sera présent à la prochaine Comédie du Livre est auteur de romans policiers qui sont en Grèce des best sellers. Economiste de formation il a aussi écrit pour le théâtre, le cinéma et est le traducteur en grec de Goethe et de Brecht.

"Frictions" de Pablo Martín Sánchez (Espagne)

Les Collecteurs se préparent à la 32è Comédie du Livre qui invite notamment La Contre Allée. Alors Marc nous réinvite à lire Frictions dont il avait parlé sur son très bon blog !
« Les humains sont épris d'ordre. Les humains passent le plus souvent leur temps - quoi qu'ils en disent ou pensent par ailleurs - à mettre le monde et les choses en ordre, à les ranger, les classer, les catégoriser... à les nommer et les renommer sans cesse. Le langage lui-même n'est-il pas autre chose qu'une activité de classement, de mise en ordre des sons qui font des signes ou des mots, que l'on arrange pour faire des phrases? Je ne sais plus quel linguiste ou sémiologue disait que c'est de la combinaison que naît le sens. Que se passe-t-il alors quand vient le désordre? Quand les mots n'obéissent plus aux phrases? Quand les évènements brouillent les récits, quand les idées et les images vagabondent sans avoir cure du sujet ou du thème? C'est une des choses que nous fait explorer et expérimenter Pablo Martín Sánchez, en bon OuLiPien et dans un certain désordre.

vendredi, mars 03, 2017

"Témoin" de Sophie G. Lucas (France)

Étrange petit livre que celui-ci, publié l’année dernière par les éditions de la Contre Allée invitées à la prochaine Comédie du Livre de Montpellier. Pour l’écrire, Sophie G. Lucas, qui y sera également présente, a assisté pendant plusieurs mois aux audiences du tribunal de grande instance de Nantes et ce sont comme les minutes de ces audiences qu’elle nous livre là. Des textes courts au style incisif, rugueux, dépouillé, comme des coups de poing qui réveillent les consciences. Plusieurs voix racontent, ce qui donne de la profondeur à chaque petit texte. Et à travers ces paroles c’est tout un pan de notre société malade qui nous saute à la figure, celle des laissés pour compte, de ceux qui n’ont pas eu de chance et qui souvent reproduisent la violence qu’ils ont eux-mêmes subie. :

dimanche, février 26, 2017

"Soldados de Salamina" de Javier Cercas (Espagne)

Javier Cercas, né en 1962, est un écrivain et traducteur espagnol, professeur de littérature à l'université de Gerona. Il a publié huit romans, des nouvelles, plusieurs essais et quelques chroniques (il est chroniqueur pour le journal El País). Soldados de Salamina, publié en 2001, fut un vrai succès éditorial en Espagne et dans d'autres pays.

Le titre du roman, Les soldats de Salamine, est une allusion à la défaite navale perse, en 480 avant JC, qui symbolise la douleur des vaincus devant la puissance athénienne.

vendredi, février 03, 2017

« La Femme brouillon » d’Amandine Dhée et « L’accouchement est politique » de Laëtitia Négrier et Béatrice Cascales (France)

Dans l’écriture créative tout comme dans l’essai argumenté, il y a un sujet qui paraît toujours un peu problématique à aborder. Et lorsque ce sont des femmes qui prennent la plume, euh pardon, le clavier, ça semble même encore un peu plus compliquer la donne… Ce sujet : la maternité. Elles sont à la fois les mieux placées pour en parler, et très agacées d’être presque systématiquement questionnées sur la particularité féminine de leurs sujets d’écriture, voire de leur manière d’écrire...
Mais ces dernières semaines, j’ai eu le plaisir de faire deux lectures passionnantes et jubilatoires et qui se rejoignent sur ce thème-là assez essentiel à tout…… à l’humanité, à nos vies personnelles, à nos sociétés, au présent, à l’avenir….. bref… sur ce sujet central à nos vies.
Dans l’ordre inverse de mes lectures donc…

samedi, janvier 28, 2017

« Le Papillon », « L’Homme qui savait la langue des serpents », et « Les Groseilles de novembre » de Andrus Kivirähk (Estonie)

Aujourd’hui, François nous parle de trois romans venus du nord ! Et voici ce que l’éditeur français, Le Tripode, dit de cet auteur estonien :
« Andrus Kivirähk est un écrivain estonien né en 1970 à Tallinn. Phénomène littéraire dans son pays, journaliste et essayiste, son œuvre importante suscite l’enthousiasme d’un très large public qui raffole de ses histoires. Il écrit des romans et des nouvelles, des pièces de théâtres, des textes et des scénarios de films d’animation pour enfants. »

samedi, janvier 14, 2017

"Chronique transylvaine" de Miklós Bánffy (Hongrie)

Chronique transylvaine (3 tomes) de Miklós Bánffy. Traduit du hongrois par Jean-Luc Moreau. Editions Libretto :
1, Vos jours sont comptés (758 p), 2002

2, Vous étiez trop légers (600p), 2004

3, Que le vent vous emporte (421 p), 2006

Magnifique fresque d’un monde disparu (1905-1914), cette trilogie sur cet univers dépaysant de Transylvanie, peuplée de Magyars, de Sicules et de Roumains, province de Hongrie puis de Roumanie désormais, qui ne connût que très brièvement une indépendance, nous fait vivre ici avec une passion désarmante, les événements de l’Histoire et des histoires intimes d’artistes désespérés, de députés bretteurs ou pleins d’idéaux de justice , de femmes aimantes et de mères possessives, de majordome tyran ou d’adolescente rêveuse…

jeudi, janvier 05, 2017

"La lengua de los ahogados", de Fernando Clemot (Espagne)

Comme Rimbaud, cité en exergue, qui souhaitait rapporter de l’or de ses voyages dans les profondeurs, Fernando Clemot, dans ce très beau petit livre, fait émerger des histoires oubliées qui s’entrecroisent et se répondent. Ces histoires, elles ressemblent aux vagues qui indéfiniment viennent mourir sur la grève, histoires humaines, venues d’un passé enfoui et qui refont surface : « Mi imagen de la memoria siempre ha sido la de unas olas batiendo en una playa….olas y memoria vienen de lejos. Ambas nacen de un impreso movimiento mar adentro y traen sedimentos y metralla del fondo » (p63) (ma vision de la mémoire a toujours été celle de vagues s’abattant sur la plage…. Les vagues viennent de loin. Elles naissent d’un mouvement initié en eaux profondes et rapportent des profondeurs des sédiments et des déchets). Et apparaissent, comme autant de vagues venues de loin, des lieux qui semblent avoir oublié le passé mais que le récit fait revivre : un barrage où un beau jeune homme aux yeux verts s’est noyé ; un appartement vide où le narrateur cherche à retrouver la trace des anciens locataires ; un train où il avait entendu un chanteur des rues à la voix d’ange ; une petite ville frontalière en Amérique du sud liée à un souvenir d’enfance douloureux ; un village en Bolivie qu’une compagnie minière a dépossédé de sa culture, le golfe de Finlande où une jeune femme triste croit voir à la surface de la mer un homme qui appelle au secours ; une maison où les armoires vides et le bruit des cintres qui bougent renvoient le narrateur à sa solitude….

dimanche, janvier 01, 2017

Meilleurs voeux !

En ce début d'année 2017, souhaitons à tous les amoureux de la lecture une très belle année, riche en découvertes et en partages. Car les livres sont l'une des plus belles ouvertures sur le monde !
Je veux remercier ici, chaleureusement, notre petit groupe de lecteurs, toujours et de plus en plus passionné, enthousiaste, créatif, enrichissant. Continuez comme ça ;)


Pour les personnes qui vous ne nous connaissent pas encore, nous vous invitons à venir nous rendre une petite visite ! 

vendredi, décembre 23, 2016

"Le nuage d'obsidienne", de Eric McCormack (Ecosse)

Né en Ecosse en 1938, Eric McCormack a émigré au Canada en 1966. Spécialiste du XIXe siècle et de littérature contemporaine, il enseigne à l'université Saint-Jérôme dans l'Ontario. Il est l'auteur de quatre autres romans parus chez Christian Bourgois. Le nuage d'obsidienne est paru en anglais en 2014. Et dans sa traduction française en 2016. A noter que le nom du traducteur n'apparaît pas dans la publication ...

Le titre de ce livre m'a attirée car j'ai chez moi plusieurs objets en obsidienne, souvenirs du Mexique que j'aime beaucoup !

vendredi, décembre 16, 2016

« Au Finisterre de l’imagination » de François Szabó (France)

François Szabó est l’un des Collecteurs. Voici sa présentation :
« Poète vivant à Montpellier ayant fait le pari de vivre sa poésie dans une existence littéraire quotidienne, dans son rapport au monde. Sa démarche est d'entretenir une harmonie entre mélodie de l'existence et de la parole poétique. Organisant des cycles de lectures poétiques polyglottes et ne renonçant pas à être même poète public dans la rue, c'est en militant de la poésie qu'il se trouve une place dans la cité.

jeudi, décembre 15, 2016

"La Migration des murs" de James Noël (Haïti)

En mai dernier à la Comédie du Livre, James Noël, poète haïtien, était venu nous parler de René Depestre, son aîné qui fêtait son quatre-vingt dixième anniversaire et la sortie d’un roman chez Zulma. La rencontre, ponctuée par des lectures faite par Natyot, avait été vraiment passionnante pour qui s’intéresse à la poésie antillaise à la fois foisonnante et paradoxalement méconnue.
Cette semaine, invité par la Maison de la Poésie, l’université Paul Valéry et la Boutique d'écriture, James Noël était de retour à Montpellier pour cette fois nous parler de son travail à lui. 

vendredi, novembre 25, 2016

Anne Bourrel, ça bouillonne !

Vous le savez depuis un petit moment déjà, Anne Bourrel, on l'aime bien chez les Collecteurs !

De Gualicho à L'invention de la neige en passant par Gran Madam's et Le roman de Laïd, on la suit !

Alors quand l'actualité autour de ses livres bouillonne, on ne peut que vous en parler...

"L'invention de la neige", donc, vient de remporter deux prix ! Le Prix des Lecteurs du Salon de Lect(o)ure de Polars d'abord, et puis le Prix du Cabri d'Or de l'académie cévenole !

Et puis avec Grand Madam's, Anne a participé à une émission sur France Culture aussi...

Et si vous cherchez à mieux la connaître, le bon blog "Milieu Hostile" lui a consacré deux articles-interviews : et !

jeudi, novembre 24, 2016

"La triología involuntaria : El lugar", de Mario Levrero (Uruguay)


El Lugar

Un seul roman de Mario Levrero, mais plutôt parmi les mineurs, a été publié en France, c'est “Dejen todo en mis mano” (1996) / “J'en fais mon affaire", 2012 (l'Arbre Vengeur). C'est un texte sympathique mais qui me semble anecdotique par rapport à la puissance de la Trilogie Involontaire et aussi par rapport à la “Novela Luminosa, roman paru de façon posthume en 2004 et qui semble être en projet de traduction chez Noir sur Blanc si l'on en croit la page de l'agent ! J'ai celui-ci en cours de lecture et il joue énormément avec le lecteur en prenant des airs de journal intime, c'est plus imposant que les romans de la trilogie (567 pages !), mais tout aussi passionnant...

"La triología involuntaria : París", de Mario Levrero (Uruguay)


Paris
Mario Levrero, 1940-2004, né et mort à Montevideo, est devenu un auteur-culte pour toute une génération de lecteurs et d'auteurs uruguayens. Classé parmi les « bizarres » de la littérature de son pays, c'était un « touche à tout » qui s'est essayé à divers genres.
Il y a débat parmi les lecteurs passionnés de Levrero pour savoir dans quel ordre devrait être lue la « Trilogie involontaire » et surtout « Paris » et « El Lugar ». Nous nous conformons ici à l'ordre de l'édition « Debolsillo » car l'indépendance totale des trois intrigues rend le débat un peu inutile. S'il y a trilogie c'est parce que chaque fois l'histoire commence par l'arrivée (ou l'éveil) d'un homme dont on ne sait rien (ou presque) dans un lieu étrange aux règles incompréhensibles, où il va vivre diverses tribulations dans une angoisse de mauvais rêve. 

"La triología involuntaria : La Ciudad", de Mario Levrero (Uruguay)

La-Ciudad
Voici quelques mois, lors de l'une de nos réunions mensuelles, Antoine nous a présenté Mario Levrero, une sorte d'ovni littéraire qui a eu un mal fou à sortir d'Amérique du Sud ! Du coup, il nous a donné envie de le lire, bien entendu... Et puis comme un seul de ses romans est traduit en français, on a lu en espagnol... Et entretemps, le blog Les Lettres de mon Trapiche est né et son objectif est de parler en français de livres latino-américains pas [encore] traduits pour en faire la promotion ! Voici donc trois articles à suivre qui nous parlent des trois opus de "La trilogie involontaire" de Mario Levrero... Merci le Trapiche de nous les prêter !

1er article par Antonio Borrell !


La Ciudad
Mario Levrero, 1940-2004, né et mort à Montevideo, est devenu un auteur-culte pour toute une génération de lecteurs et d'auteurs uruguayens. Classé parmi les « bizarres » de la littérature de son pays, c'était un « touche à tout » qui s'est essayé à divers genres, mais son œuvre abondante n'est presque pas traduite en français : un état de fait incompréhensible pour qui la découvre tardivement et ne peut que reconnaître son caractère extraordinaire. Mais que font nos éditeurs, bordel ??? Ah, oui, ils traduisent tout ce qu'écrit Paolo Coelho !

vendredi, novembre 04, 2016

 "La longue nuit de Francisco Sanctis", de Humberto Costantini (Argentine)

La petite maison d’édition L’Atinoir a eu la merveilleuse idée de publier en 2010 ce très beau récit d’un grand auteur argentin malheureusement très peu connu ici et oublié dans son propre pays. « Un écrivain maudit, oublié par le système » disent ceux qui tentent de maintenir sa mémoire vivante. Ce porteño, né en 1924, fils d’immigrés juifs italiens, qui a passé son enfance dans le quartier de Villa Pueyrredón était tellement attaché à sa ville qu’il aurait souhaité ne jamais la quitter. Mais les années noires de la dictature en décidèrent autrement. Après la disparition de son grand ami Haroldo Conti, il fut contraint de fuir au Mexique. Pendant ses années d’exil il publia « De dioses, hombrecitos y policias » qui obtint le prix Casa de las Américas, ce qui fit dire à Cortázar : « Pour moi il est un écrivain important ». C’était un homme grand et robuste qui fut tour à tour, vétérinaire, vendeur, céramiste, enquêteur, passionné de tango qu’il dansait et chantait mais avant tout un écrivain, poète, homme de théâtre, auteur de contes et de romans.