Il ne voulait pas
l’écrire, ce livre mais il ne pouvait pas ne pas l’écrire. Et
il nous arrive comme un coup de poing dans la figure qui vous laisse
K.O. C’est que lui, Erwan Larher, fan de rock depuis toujours,
était au Bataclan le 13 novembre 2015. Écrivain, auteur notamment
de « Marguerite n’aime pas ses fesses » (2016) et de
« L’abandon du mâle en milieu hostile » (2013) il a
vécu ces heures d’enfer et en est sorti vivant, sérieusement
blessé mais vivant. Poussé par ses amis qui lui disaient que son
« devoir » était de témoigner, il a beaucoup hésité
puis, sans doute parce que c’était une nécessité profonde,
viscérale, il a fini par se dire qu’il ne pouvait se dérober.
Mais comment
trouver le ton juste, sans tomber dans le larmoyant ou le voyeurisme
(et pourtant…) Comment traduire ce qui est de l’ordre de
l’indicible. Il dit qu’il court après ce livre, qu’il doit
« le dompter. L’apprivoiser. » Et que « sans
cesse il se dérobe. » En fait, il va « écrire autour »
de ce drame, « Écrire parce que tu n’as pas le choix, porté
par une force qui te dépasse ; autour parce que tu es romancier
et non chroniqueur, parce que tu ne peux façonner un texte qu’en
appétant faire littérature. Ni témoignage ni récit, donc.
Inventer autre chose. Forme. Langue. »