Livre
étrange à l’écriture resserrée. Comme un coup de poing qu’on
prend en pleine figure ; on a peur d’être étouffé par ces
pages remplies de mots sans espace pour respirer. Mais on est
fasciné, entraîné dans cette sorte de poème-confession sur un
rythme de rap. Il y a beaucoup de souffrance et une urgence à
libérer la parole. «Et j’ai les mots dans ma tête. J’aime
bien les mots tant qu’ils restent dans ma tête. Dangereux les
mots. » (p. 26)
De
quoi s’agit-il ? Dans un abribus, un adolescent dont nous ne
saurons pas le nom, sinon le surnom plus tard dans le récit, décide
de ne plus prendre le car de ramassage qui emmène les jeunes du
village au collège ou au lycée et de rester là à fumer des
joints. Et, dans cette espèce de légèreté due à la drogue,
pendant que les voitures passent sur la nationale, les souvenirs
défilent (« Dingue comme les souvenirs peuvent défiler »
(p.
98)
« des trucs qui remontent au fur et à mesure » (p.
113)
et c’est tout un monde qui se dessine.