Après le très beau « Entre ciel et terre », récit d’une pèche nordique âpre et rude, après « Le cœur de l’homme », tout aussi digne d’une odyssée, Jon Kalman Stefansson publie ici un récit où il est question d’amour, et de mort, de musique, beaucoup, de poésie aussi, beaucoup – il faut dire que les Islandais y portent une attention toute particulière, beaucoup plus que nous, qui avons perdu de vue l’importance d’en lire.
Il souffle un vent de nostalgie sur ce roman qui parle de destinées, d’enfant orphelin, de morts injustes, des étoiles la nuit, de l’alcool qui entraîne la violence et les coups parfois sur ceux ou celles qu’on aime.
On va croiser de nombreux personnages, que l’on suit sans linéarité sur trois générations, tels que Margret et Oddur, le grand-père d’Ari, les femmes Veiga, Lilla, Sigga, mais aussi Tryggvi, et Jakob, le père d’Ari, Anna, sa dernière compagne, mais aussi Pordur, Svavar, Arni et bien d’autres.
Ari rentre en Islande pour voir son père Jakob, qui va bientôt mourir. On découvre alors Reyflavik (à ne pas confondre avec Reykjavik), une ville de pécheurs, parce que pécher du poisson c’est important.
« Si nous oublions de tirer le poisson de la mer, ce poisson qui compte de plus en plus et qui, bientôt, sera plus important que l'agriculture, eh oui, qui l'eût cru, nous peinerons de plus en plus à survivre et notre rêve d'indépendance ne se réalisera pas. » pense Oddur, alors que son fils Pordur, très doué pour l’écriture, rêvasse sur le bateau où Oddur règne en maître. Peut-être est-il en train de composer un poème, ou d’écrire dans sa tête un récit épique – une écriture qui attirera l’attention d’un grand maitre de la poésie qu’est Gunar Gunnarsson - mais pour comprendre ce qu’il aurait peu advenir de Pordur, il faudra aller jusqu’au bout du récit.